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Le texte dans le contexte

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Écrite probablement vers 1599 et publiée en 1623, Comme il vous plaira est une comédie en cinq actes en prose, mêlée de vers. Il s’agit d’une libre adaptation à la scène du roman pastoral Rosalinde ou le legs doré d’Eupheus de Thomas Lodge (1558-1625), qui s’était déjà inspiré du lai breton Le Conte de Gamelyn, attribué à Geoffrey Chaucer (1340/45-1400).

Entre ses sonnets et avant l’écriture des grandes tragédies, Shakespeare compose une réflexion sur l’amour et la condition féminine. Lui, qui ne dispose pas dans son théâtre de comédiennes pour jouer les rôles féminins, use avec bonheur du déguisement et du travestissement sexuel à une époque où le jeu des travestis est frappé d’interdit par une morale puritaine.

 

« Comme il vous plaira nous montre, écrit Yves Bonnefoy, qu’« un Shakespeare n’est jamais en repos : La facilité même, quand elle semble régner dans son écriture, c’est aussi et peut-être d’abord ce qu’il emploie à un projet plus sérieux, et qui vient de loin et qui va loin. ».

 

On devine en effet dans Comme il vous plaira le motif qui sera le thème essentiel de La Tempête : la nature toujours s’unit aux forces du bien pour apaiser la férocité des hommes...
Si les personnages expriment des façons différentes de concevoir l’amour, ils sont en effet tous soumis à la magie de la forêt… Cette atmosphère pastorale donne lieu à de charmants passages en vers : « Sous ces vertes frondaisons, souffle souffle vent d’hiver… Heigh ho ! Chantons sous le houx vert…
On y trouve à l’acte II, scène 7, le célèbre monologue de Jacques Le Mélancolique sur les sept âges de l’homme :

 

« Le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n’y sont que des acteurs ; Ils ont leurs sorties et leurs entrées, Et chacun dans sa vie a plusieurs rôles à jouer, Dans un drame à sept âges. D’abord le nouveau-né… puis l’écolier geignard… Et puis l’amoureux… puis, le soldat…Puis, le juge de paix… Le sixième âge tourne au pantalon décharné… Le tout dernier tableau… C’est la seconde enfance et la mémoire absente, sans dents, sans yeux, sans goût, sans rien. »

 


On y entend, de la bouche de Rosalinde, quelque régal de l’imaginaire féminin quand elle demande à Orlando combien de temps il l’aimera après l’avoir possédée.
A sa réplique : « Toujours, plus un jour », elle répond : « Dites « un jour » et supprimez « toujours » : non, non, Orlando, les hommes sont Avril quand ils font la cour, Décembre quand ils sont mariés. Les filles sont Mai tant qu’elles sont filles, mais le ciel change quand elles sont épouses…»


Mais tout est bien qui finit bien dans cette comédie « réparatrice » où chacun trouve sa chacune : Rosalinde / Ganymède épouse Orlando ; Olivier, le frère repenti, épouse Célia ; le berger Silvius sa bergère Phébé et le bouffon Pierre-de-Touche sa chevrière Audrey.