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Constance de Saint Remy depuis chez elle

Le médecin et le politicien de Constance de Saint Remy

Une fable à la manière de Jean de La fontaine par Constance de Saint Remy

Le Politicien et le Médecin

 

Toujours l’éthique profite à ceux qui gouvernent Tandis qu’à ceux la respectant, elle les berne.

 

Un jeune et beau garçon dit, un jour, à son père :

« Papa, c’est sûr, plus tard, je ferai comme vous. » Car il crut que médecin serait à son goût,

Qu’il s’agissait d’une excellente filière, Qu’il ne connaîtrait ni regret, ni peine, Que de toutes les voies, elle était reine.

« Prenez garde, mon fils, Il faut des sacrifices »,

Lui confia le vieux docteur. Il lui parla avec son cœur

Et les souvenirs qu’il gardait d’une crise Sur laquelle l’hôpital n’eut pas prise.

« Moi aussi j’eus ton âge et tes bons sentiments, Poursuit-il, voilà pourquoi j’ai prêté serment,

Je voulais porter le masque, Un peu comme Zorro,

Etre un guerrier sans casque, Avoir des buts moraux, Risquer ma propre vie,

Telle était mon envie,

Pour sauver celles d’inconnus.

S’il fallait que je me lève en pleine nuit, Si ma femme ou toi aviez des ennuis, Mon travail était continu,

Peu importe mes proches, Peu importe mes poches

Sous les yeux trahissant ma morne affliction Je devais soigner avecque compassion Diagnostiquer tous les signes symptomatiques

Chez les malades, même les moins sympathiques. Ma mission était de porter assistance,

Sans espérer un geste de reconnaissance. Les plaintes du corps médical s’élevèrent Concernant le manque de personnel D’argent, de place et de matériel ;

Au bout d’un moment s’imposa la colère. Il y eu la grève

Puis vite la trêve

 

Car le peuple en crève Si elle n’est pas brève.

Telle fut la remarque du Politicien Accompagnée de belles promesses Que nous reçûmes comme caresses

Changeant les loups rageurs en dociles chiens. Nous nous calmâmes pour un temps

Jusqu’à ce qu’un fléau mortel Rappelle notre charlatan

Pour qu’il nous donne des nouvelles.

-     "Nous en tirerons des leçons, Jura l’homme politique,

Désormais, nous dépenserons, Pour l’hôpital public,

Quoi qu’il en coûte Sinon la goutte

Fera déborder le vase Confirmant que de vrais nases Sont au gouvernement.

Tiens, le confinement ! En voilà une idée Bonne aux hominidés :

Au lieu de traverser la rue ou d’y descendre,

Ils resteront chez eux jusqu’à vouloir se pendre." » Le vieux Médecin expliqua à son enfant

La façon dont le Politicien bluffant

Une fois de plus, grâce à de belles paroles, Gomma les doléances des banderoles.

« De l’argent ? C’est promis ! Résistez, mon ami ! »

La main gantée du Politicien Tapota l’épaule du Médecin.

« Mes condoléances pour vos confrères

Mais comprenez, hélas, nous sommes en guerre. » Le Médecin, plutôt que de se laisser choir,

Redoubla d’efforts, persista dans ses espoirs. Il était convaincu que sa profession

Ne connaîtrait plus de telle de soumission, Qu’une fois passée l’épidémie

On les entendrait plus qu’à demi.

« Nous avions rêvé et nous rêvions encore », Soupira le pauvre Médecin épuisé.

Il termina sa fable en puisant dans son corps Un reste d’énergie pour dire un résumé :

 

« La fin justifie ce que nous n’avions pas Des moyens.

Le Politicien face à nous n’était pas Citoyen.

Il était au-dessus des racines morales,

Si haut que ne pouvaient lui parvenir nos râles. »

 

Après la tempête, le Médecin contacte Le Politicien qui répond avec tact :

« Votre beau métier suppose que l’argent

Soit moins intéressant que la santé des gens. » Et plutôt que d’honorer son engagement,

Préfère lui donner leçon en boniment. Pour accompagner ces sages propos, Il envoie un livre annoté d’un mot :

« Voici un bon manuel

Qui nous vient de Machiavel ;

Sous ce nom presque d’ange, il s’agit de javel Contre la morale. Signé : votre Emmanuel. »

 

Constance de Saint Remy

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