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Note d'intention

La Faculté des rêves
À propos

Je rêve d’une autre fin pour ce récit…

 

Dès les premières pages de La Faculté des rêves, le ton est donné et la limite semble bien ténue entre ce personnage de Narratrice et Sara Stridsberg elle-même, évoquant dans la postface à l’édition française son « désir puéril de ramener Valérie à la vie et de la laisser vivre à jamais ».

 

Il est question dans La Faculté des rêves de l’impasse de la fiction. Aux tentatives répétées de l’auteure pour transcender le réel répondent les faits : la descente aux enfers de Valérie Solanas est une réalité immuable.

 

Face à cet échec programmé, Sara Stridsberg met en place une structure romanesque à même de révéler, ou du moins d’approcher ce « paradoxe Valérie Solanas » dont elle dit qu’il l’a « ensorcelée ».

 

Mélange des genres, rapport aux fragments et aux citations, radicalité formelle de certains chapitres : la diversité du matériau romanesque chez Sara Stridsberg est à l’image des multiples facettes du personnage. Matière organique, matière épileptique, le roman dans sa forme (ou plutôt dans ses formes) se fait l’écho des motifs qui le traversent. Une sorte de folie, furieuse et géniale, parcourt la vie de Valérie Solanas ; l’écriture de Sara Stridsberg, oscillant entre récit, poésie et théâtre, en est certainement le miroir le plus remarquable.

 

Dans son adaptation pour la scène parue en France en 2010, Sara Stridsberg fait de Solanas une héroïne de théâtre. Elle est le personnage principal d’une histoire, le sujet d’une structure dramatique « traditionnelle ». Partant du texte original, nous cherchons à retrouver ce qui, dans La Faculté des rêves, fait de Valérie Solanas l’objet d’une auteure, entre étude de cas clinique, manifeste politique et « fantaisie littéraire ».

 

« Une autre fin pour ce récit » étant impossible, tenter non pas de suivre le fil d’une intrigue à l’épilogue bien connu, mais mettre à jour, sur scène, ce qui dans la vie et la personne de Valérie Solanas a conduit à cette fin. Orchestrer une variation autour du cas Solanas. Continuer d’interroger les limites de l’acte artistique, sa faculté à réintroduire le rêve et la pensée là où ils font défaut tout comme son incapacité, par essence, à modifier ce qui a été.

 

Lucas Samain