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Note d'intention

d'Élise Vigier
À propos

J’ai lu ce roman i l y a longtemps, i l m’avait totalement marqué, il s’était inscrit en moi comme peu de livres l’ont fait.

 

L’amour, la violence, la fraternité. La famille, mais plus amplement la bande de gens avec laquelle on vit. L’amour qui échappe sans cesse aux êtres et à toute définition et qui pourtant est là, dans l’air, dans la disparition, dans les corps, dans la musique peut-être, dans la liberté ?

 

Aujourd’hui j’ai envie de l’adapter au théâtre. Mais pour ce faire, il me semble nécessaire de passer un temps sur les traces de ce quartet, à Harlem, aller écouter et capter, au sens propre, ces chants et cette mémoire, c'est-à-dire essayer de saisir ce qu’ils peuvent nous raconter aujourd’hui et comment s'en servir sur scène ensuite. J’ai pensé à comment raconter cette histoire : Hall - narrateur nous balade dans sa mémoire, dans son histoire comme dans une ville. Il nous fait visiter son cerveau. J’ai pensé avec Yves Bernard un dispositif qui nous permettrait de passer de la musique à la parole, au jeu dans l’intimité d’une chambre qui serait définie par une surface de projection.

 

Cette surface pourra être une fenêtre sur la ville, les rues, les quartiers. J’ai pensé aux films de Jonas Mekas Lost, Lost ou Walden. Une chambre, un tableau, une toile, un cadre (pour la disparition ou pour l’amour). Film de famille, film super 8, disparition de l’image, du grain (grain de l’image, et grain de la voix, le chant des morts). Film de l’enfance. Et j’ai demandé à Nicolas Mesdom de réaliser avec moi les images et de faire les montages de celles-ci. Images documentaire (les rues, les églises, les gens … maintenant ? tourner des images dans notre temps de recherche, temps de reconstitution, temps new-yorkais, voir New-York et Harlem depuis la France).

 

Ce qui m’intéresse aussi dans ce livre, c’est comment on retrace une mémoire, comment on la reconstitue, cette nécessité absolue à un moment de la reconstituer et de la raconter : Hall commence à raconter pour son fils, pour que son fils sache que son oncle Arthur était un type noir, musicien et homosexuel et que c'était un type bien.

 

Élise Vigier