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Note d’intention de Cécile Garcia Fogel

comédienne, chanteuse, metteuse en scène
À propos

Aujourd’hui, nous serons trois, trois femmes, deux comédiennes-chanteuses sur scène, accompagnées d’une musicienne guitariste.

 

Comme à sa création, le spectacle est entièrement chanté.

Des fragments de poèmes du grec, Yannis Ritsos, viendront cette fois-ci nourrir l’imaginaire du spectacle avec son récit intime sur Phèdre et des extraits de Le Mur dans le miroir.

 

Phèdre est une perfection de la langue française et un raffinement d’harmonie et de justesse.

C’est l’occasion d’explorer sous la forme musicale une œuvre théâtrale. D’explorer la gamme des sens et des émotions, d’effectuer un voyage particulier dans la pièce.

 

La musique ici permet aussi un travail sur le corps et une relation sensuelle avec le texte.

Yannis Ritsos intervient en coulisse de la tragédie. Les fragments de ses textes, d’une incroyable intensité poétique et d’une grande modernité évoquent l’atmosphère de confinement dans laquelle évoluent les personnages. Il agit comme fond imaginaire et apporte également une touche d’humour.

J’imagine pour cette reprise, une scénographie légère qui nous permettra d’investir aussi bien les salles de spectacles que des lieux plus atypiques (cours extérieures, appartements…).

 

 

La musique

 

A l’origine, j’avais composé les mélodies oralement en regardant la pièce, en analysant le caractère des personnages. Je reprends ces mêmes compositions pour les améliorer. J’en ai changé certaines qui ne me convenaient plus. J’avance avec mes instincts de comédienne, de chanteuse à textes.

Mon enfance a été baignée de mélodies espagnoles et orientales et j’ai moi-même chanté pour le plaisir des chants traditionnels.

 

J’ai connu plus tard le Rebetiko, ce chant des anarchistes grecs qui m’inspire beaucoup.

J’aimerais que ces textes chantés aient quelque chose de la rengaine, de la plainte, une forme répétitive qui apporterait encore plus de profondeur et d’humour.

Une musicienne à la guitare sèche et électrique travaille à partir des accompagnements que nous avions faits à l’époque. Elle cherche à développer un univers musical à la fois traditionnel et contemporain.

 

La scénographie par Caroline Mexme

 

La maison est un corps, une géographie, un intérieur, un plan, composés et recomposés d’abord et simplement par sept chaises.

Quelques objets du quotidien, de la terre cuite au formica, de l’amphore à la tasse de café, offrent la possibilité d’actions simples et concrètes où les corps invitent la verticalité du chant, l’extase.

Quelques éléments de costume sont posés ici et là.

Plusieurs sacs de sable ponctuent l’espace. Le sable dessine.

La lumière traverse ou écrase, implacable, inexorable.

 

Remettre l’ouvrage sur le métier…

 

En France, il n’est pas coutume de revenir sur ce que l’on a déjà exploré dans la pratique du théâtre. Je trouve cela bien dommage car mon regard, ma manière d’envisager l’interprétation, ont changé.

Certaines valeurs de jeu me paraissent bien plus puissantes quand elles ne pèsent pas plus qu’une plume.

Prouver n’est plus ma préoccupation.

 

Évoquer, suggérer, devient une démarche qui artistiquement m’est nécessaire, aussi bien en tant que chanteuse que de comédienne.

Mélanie Menu et moi-même, sommes des chanteuses à texte. Dans notre rapport à cette pratique, nous recherchons d’abord l’interprétation par le son et non la performance du son.

La légèreté technique de cette nouvelle création permettra de la partager avec le plus grand nombre. D’un appartement à une salle de 300 places, j’espère que cet oratorio trouvera sa place dans le cœur des spectateurs, comme ce fut le cas à sa création.

 

 

Cécile Garcia Fogel