accueil > Note d’intention d’Alain Françon et Antoine Mathieu

Note d’intention d’Alain Françon et Antoine Mathieu

À propos

Une journée, une vie, un épuisement, une décomposition, un point de folie, la folle puissance, d’un homme, d’une civilisation.

Restes de l’enfance.

Un homme se réveille, peut-être d’un cauchemar, il parle, il parle de tout ce qui lui passe par le corps, et il boit. Finit par se rendormir peut-être.

L’enjeu de Kolik est le sens du monde, l’étude totale est à l’ordre du jour.

Ses moyens sont la langue et le sensible, sans cesse, toujours et encore.

Kolik dérange ce qui est rangé, invite à se déprendre des catégories à l’intérieur desquelles on pense sans y penser.

Kolik est un voyage intime, au plus dedans du dedans de soi, où le soi se défait, où l’on trouve l’Autre.

Kolik travaille la langue depuis ses particules élémentaires.

Kolik travaille le monde le temps du temps.

Kolik fait pousser de la vie, d’une vitalité convulsive.

Kolik est un corps qui fuit.

Kolik trébuche, tombe, et se relève constamment.

Kolik célèbre la musique.

Kolik est une lutte à mort contre l’abandon de soi, cause du massacre.

Kolik est un effort intense pour EXister. Littéralement : se tenir hors de soi.

Kolik c’est des mathématiques, de la philosophie, de l’histoire, de la physique.

Kolik est un constat d’échec radical de notre pensée.

Kolik est plein de lumière.

Kolik s’accorde des moments de désespoir.

Kolik est noyé d’alcool.

Kolik hait le confort.

Kolik est drôle aussi.

Kolik nous enjoint à être inlassables, encore et encore.

Kolik se souvient toujours de l’enfant qui parle en nous.

Kolik est une ressource pour changer notre regard.

J’ai rencontré Kolik en l’entendant. J’y ai fait un voyage, un tour du monde sensible, contradictoire, féroce et rieur. Je me suis senti secoué, bricolé, démonté, choqué, ravi, fraternel. Je me suis trouvé plein d’énergie nouvelle pour penser la vie.

Qu’est-ce que ça fait du bien !!

Depuis j’ai envie de partager.

 

 

La représentation

 

Kolik propose au spectateur un face à face dans l’instant qui engage son corps, son imaginaire, son intelligence des choses.

Un face à face avec un texte surgi des fragments du langage, qui se structure en pensée du monde.

Une véritable Rencontre. Une rencontre hautement stimulante pour l’esprit et les sens, peut-être déroutante parfois.

 

L’enjeu de la représentation est d’ouvrir cet espace, cet « entre » du spectateur et de la parole incarnée, qui rend possible la rencontre. L’espace qui permet de consentir à être dépris de soi par l’Autre, à cette effraction de l’extérieur dans l’intérieur.

En entendant Kolik, on éprouve, on pense des choses, sans savoir pourquoi, sans les comprendre tout de suite, on est en déséquilibre.

Cette mise en présence avec « l’Autre dont on ne sait rien » doit se faire sur le terrain de l’intime.
Il ne s’agit pas d’intimité, encore moins de théâtre intimiste, mais de la matérialisation d’un espace où l’on trouve à la fois le plus profond du soi de chacun, et du nous.

 

 

Lors de la représentation de Kolik, la mise en jeu sera réciproque, confiante. Nous explorerons le texte ensemble.

Dans un moment de porosité que l’intime rend possible.

 

La variation continue du texte sera la plus belle fiction. Il s’agira de le donner dans toute sa fluidité et son évidence.

 

Il y aura un îlot terreux, une chaise, peut-être un autre élément. Un intérieur avec de l’extérieur, ou le contraire.

 

La lumière irisera de couleurs ou ombrera.

 

À l’avant-scène, une vitre/écran permettra de baigner l’espace dans les images d’un Eden lumineux et assurera la présence du visage, fil de la parole, figure de l’intime.

 

La simplicité frontale du dispositif, l’acuité du poème, inviteront les spectateurs à embarquer pour une expérience viscérale de leur imaginaire, des moyens sensibles et intellectuels qu’ils mettent en œuvre pour se représenter le monde.

Avec l’espoir pour nous tous, de sortir de la représentation régénérés, aptes à envisager
les « renversements » (Kolik Ch.2) qui nous attendent.

 

Antoine Mathieu et Alain Françon