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Marivaux et ses deux Surprises

À propos

Témoin essentiel de la société française de la première moitié du XVIIIe siècle, Marivaux fait ses débuts d’auteur dramatique vers 1720. Il donne alors l'Amour et la Vérité et Arlequin poli par l'amour à la Comédie-Italienne, ainsi que Annibal, une tragédie, à la Comédie-Française.

 

Il est donc encore à ses débuts quand il écrit en 1722, La Surprise de l’amour. Le nom de l’auteur ne figure pas encore sur les affiches de l’Hôtel de Bourgogne mais personne n’ignore qu’il s’agit de Marivaux. La pièce est accueillie très favorablement par le public et restera toujours l’une des pièces préférées de Marivaux. Eclipsée pendant plus d’un siècle par sa cadette La seconde Surprise de l’amour, elle ne fut redécouverte qu’au début du XXe siècle grâce à Jacques Copeau (1918).

 

Désormais cette œuvre où, comme le remarquait subtilement à l’époque le journal Mercure : « On ne sait si le nom de surprise est actif ou passif, c’est-à-dire si c’est l’amour qui surprend ou qui est surpris, est parfois préférée à La seconde Surprise de l’amour, jugée moins fictive, plus réaliste mais en même temps plus artificielle. Et bien des jeunes comédiens se laissent tenter par la fraîcheur, la limpidité et l’éclat de son jeu. »

 

  • L’échec de L’Ile de la raison ne décourage pas les comédiens français qui créent le 31 décembre 1727 La seconde Surprise de l’amour, dont ils avaient reçu le manuscrit quinze jours plus tôt.
    Son succès est loin d’égaler celui de La Surprise mais la pièce va réussir peu à peu à s’imposer.
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A la fin du XIXe siècle,  elle a été jouée près de deux cents fois à la Comédie-Française  alors que La Surprise ne figure pas encore au répertoire… Quand Jacques Copeau reprend La Surprise de l’amour en 1918, celle-ci prend un nouvel avantage sur sa cadette… Il faudra attendre 1959 et Roger Planchon avec la troupe du TNP de Villeurbanne pour redécouvrir avec cette seconde Surprise de l’amour un Marivaux tout neuf et provocant, décrassé de ses afféteries psychologiques et anticipant le « réalisme critique » – un Marivaux à mi-chemin de Tchekhov et de Brecht. 

 

 

Source : Marivaux Théâtre complet, notes de Bernard Dort. Ed. Le Seuil (1964)