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Un Pinceau dans la jungle

Parcours Commun

1 texte, 6 acteurs, 33 chaises

Pendant trois semaines, nous avons traversé le texte de Constance de Saint Remy, Un pinceau dans la jungle. Ce fut une exploration de l'écriture, de sa mise en voix et de sa spatialisation.

 

Le travail que nous avons mené était concentré autour du texte de Constance, de ses enjeux dramaturgiques et de son passage au plateau.

Nous avons plongé ensemble dans ses inspirations très fortes au moment de l'écriture, des courants artistiques dont il est question et qui traversent le texte : le classicisme de Léonard de Vinci avec le personnage d'Armand, la réflexion posée par Solange qui pense l'art dans l'espace urbain en référence aux installations de Niki de Saint-Phalle, la quête du geste essentiel d'Olivia avec la mémoire de Fabienne Verdier et enfin la réflexion autour des limites de l'action non-performative de Pierre et des pensées de Piotr Pavlenski.

 

La richesse de ces recherches dramaturgiques nous ont conduit à un processus de travail qui m'est cher et bien singulier : la conduite d'exposés de la part de chacun des acteurs afin qu'ils s'approprient ensemble l'imaginaire du texte pour construire collectivement l'invisible de la pièce. J'ai également développé un cycle d'exercices et d'échauffements prolongeant cette construction commune faite des liens mystérieux et invisibles tendus entre eux au plateau.

 

En parallèle, avec Constance, nous avons mené un travail d'épure et de retrait dans l'écriture.

L'enjeu principal des premiers jours a été de se rendre compte de ce qui pouvait être pris en charge par l'acteur (dans le jeu et les silences) ou par le plateau (dans l'espace) et non par l'écriture. Certains passages furent réécrits pour être au plus proches du plateau et de l'énergie de l'acteur. Comment ne pas tout dire ? Quel médium prend en charge les enjeux à chaque instant, chaque réplique, chaque intention :  texte, acteurs ou plateau ? Ce furent deux questions qui nous ont accompagnés pendant le travail.

 

Avec les acteurs, nous avons été en permanence à l'écoute du texte, de son rythme intime et de ses mouvements. Nous devions trouver la spatialisation la plus évidente, l'endroit juste de lecture et de sa mise en voix. Quelle théâtralité et quel rapport au public nous inventions dans le cadre donné par l'exercice : un plateau nu sans technique. 

 

Cet accompagnement double, autrice / acteurs, ce souci permanent que j'ai de faire groupe, d'inventer de l'invisible, de travailler avec ce qu'il reste des mémoires communes de nos exercices et investigations, de bâtir des mystères pour raconter des histoires, fut, je crois, un chemin ouvert pour nous tous.

 

Margaux Eskenazi - Juin 2020