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Du roman à l’adaptation théâtrale

À propos

Harlem Quartet parle d’amour et de mémoire.  L’amour d’un grand frère pour son petit frère, l’amour d’un jeune chanteur de gospel pour un jeune musicien, l’amour d’un père pour ses enfants, celui d’une petite fille pour son père et son frère… l’amour sous toutes ses formes.  À travers la douleur du deuil de Hall Montana pour son frère cadet et l’amitié de quatre enfants dans les années 50, c’est une partie de l’histoire de l’Harlem des années soixante et soixante-dix qui est décrite. 

 

Pour retrouver la puissance orale et poétique du roman au théâtre nous choisissons de privilégier certains passages, certaines scènes et de les séquencer de manière à permettre de donner à voir trois temporalités : le temps présent de Hall, le temps des souvenirs qui fonctionnent comme autant de flashs et envahissent le plateau, et un dernier temps celui que permet le théâtre : la coexistence du présent et du passé. 

 

La question de la mémoire est notre principal fil conducteur. La pièce fonctionne comme une plongée successive dans différentes strates de la mémoire et du temps : Hall au présent plonge dans ses propres souvenirs, souvenirs qui sont eux-mêmes imprégnés des souvenirs que d’autres personnages (Jimmy, Julia, Arthur) lui ont racontés. Le public est aspiré dans cette spirale qui le projette dans des temps et des lieux différents. Le Harlem des années 50, 60, 70, défile, faisant apparaître tout un pan de l’histoire américaine. À travers cette remémoration, c’est la tentative pour Hall de saisir le mystère de la vie de son frère qui se dessine. Hall recompose la vie de son frère volée en éclats pour pouvoir la transmettre à son tour, à ses enfants par exemple, au public.  Cette plongée dans le passé fait surgir chez Hall des pensées, des sensations parfois inconscientes. Comme si chaque strate de mémoire explorée le mettait peu à peu à nu. 

Pour nous, il s’agit avant tout de donner à percevoir au public les mouvements de la mémoire de façon plus sensible que logique. 

 

La mémoire comme une marche, un trajet dans une ville, dans une histoire, dans Harlem… Hall, narrateur dans le roman conservera cette fonction sur scène, un peu à la manière d’un guide pour le public qui entraîne d’un souvenir à l’autre comme autant de bonds de mémoire.  

 

 Afin de restituer autant que faire se peut la langue de Baldwin, sa sensualité et sa poésie, son prosaïsme et sa densité, sa rythmique si singulière, le texte anglais sera retraduit pour l’occasion par Kevin Keiss.