« Quel théâtre devons-nous imaginer pour les enfants, quel chemin devons-nous emprunter pour qu’il soit à la fois ludique, sensible et intelligent comme le sont les enfants ? Il faut peut-être se demander si créer pour les enfants, c’est rattraper l’émerveillement qui parfois a disparu. Notre métier est peut-être celui qui se rapproche le plus de la cour de récréation, nous jouons, nous dessinons des personnages, nous rions, nous pleurons, nous tentons finalement régulièrement de convoquer l’enfant qui est en nous.

Imaginer un spectacle pour des enfants doit, je crois, nous faire retomber dans une autre écoute, un autre regard sur le monde ; le regard de celui qui saute dans la flaque plutôt que de la contourner. Pour autant je ne pense pas qu’il faille s’adresser à eux en ignorant leur envie de grandir et d’être accompagnés, j’ai plutôt la sensation qu’il faut chercher un endroit qu’ils reconnaissent, une maison où grandir, une sorte de sas pour les faire mieux revenir à leurs habitudes.

La méthode pédagogique s’appuiera sur l’écriture au plateau comme Ariane Mnouchkine, Peter Brook ou encore Joël Pommerat ont pu la développer, et le jeu masqué selon la méthode enseignée par Mario Gonzales. Je m’appuierais sur la singularité propre à chaque stagiaire pour essayer de construire avec eux des parcours individuels, le personnage masqué par exemple devant être au plus près de la personnalité du comédien qui l’incarne. Le travail consistera à saisir chez chaque acteur sa capacité à être présent, à s’amuser et à travailler en même temps sans conscience du passé et du futur, un peu comme le sont les enfants à l’école. C’est ce qui révèle le mieux ce qu’on appelle « la part d’enfance et l’émerveillement » de l’acteur sur la scène et fonde la sincérité de la relation qui s’établit avec le public pendant la représentation. »

Igor Mendjisky